La fin des subterfuges avec Les vermifuges !

08/05/2019

Premier article de ce blog. Grosse pression!


Allez, redevenons sérieux, et parlons ensemble des vermifuges. Vaste sujet étudié de près par des ingénieurs et vétérinaires pour lutter contre l'utilisation abusive de vermifuges.


Il y a quelques années, on nous conseillait de vermifuger notre animal favori 3 à 4 fois par an pour son bien-être, sa bonne santé, et bla bla bla... 

Puis, des vétérinaires et ingénieurs se sont penchés sur les effets de ces vermifuges, non seulement sur le cheval (on sait ce que ça fait sur les vers dans les intestins mais nos chevaux ils en pensent quoi ?), mais également sur l'environnement. 


Alors là je vous vois venir à vous demander ce que fait l'environnement là-dedans. "Encore une écolo"! Je vous demande alors où finissent les jolis petits crottins de Petit Tonnerre, à quoi ils servent, ou encore de quelles manières ils sont utilisés.... 


Commençons par le commencement : A quoi ça sert ?

Comme son nom l'indique, il va tuer les vers qui, dans notre cas, infestent le système digestif des chevaux.


Ces vers, qui sont-ils ?

Ils sont plusieurs, plus ou moins pathogènes (c'est-à-dire que leur activité affaiblit leur hôte, donc le cheval), avec des noms plus ou moins barbares :

- Les grands et petits strongles

- Les ascaris

- Les ténias

- Les oxyures

- Les gastérohpiles

Ils ont chacun des modes de survie différents, des lieux de vie différents et des périodes de vie différentes.


Dans ce cas, quand vermifuger ?

Tout dépendra justement de la période de l'année mais surtout de votre cheval. Et donc c'est là qu'entre en jeu la coproscopie, ou pour les intimes l'analyse du caca.


Cette copro permet de connaître le niveau d'infestation de votre cheval en comptant le nombre d’œufs des vers à l'aide d'un microscope. Pour réaliser une copro, je ne vais rien détailler ici donc je conseille cette page


Si grâce à la copro vous savez si votre cheval est un fort ou faible excréteur, donc s'il est beaucoup ou pas beaucoup infesté, il est facile de savoir quel protocole de vermifugation suivre :

- Faibles excréteurs (70 à 80% des chevaux) : 1 à 2 vermifuges par an

- Forts excréteurs (20 à 30% des chevaux) : 3 vermifuges par an


Si vous n'avez pas fait de copro, que vous n'avez pas envie de payer pour ça, sachez que la majorité des chevaux sont de faibles excréteurs. 2 vermifuges par an peuvent suffire : au printemps avec de l'ivermectine pour tuer les petits strongles, et à l'automne avec moxidectine et praziquantel contre petits et grands strongles, ténias, et gastérophiles. 


Le vermifuge en été est "réservé" aux forts excréteurs et jeunes chevaux avec du pyrantel pour lutter contre les petits strongles.


Je précise les noms des molécules car il est TRÈS important de changer de molécule entre chaque vermifuge. Sinon quoi ? Bah on en vient à la comparaison avec les antibio (les antibiotiques, c'est pas automatiques!), les vers développent des résistances comme les bactéries. Ils deviennent plus difficiles à éliminer et risquent d'infester les autres chevaux.


Je reviens sur les termes des saisons. Par exemple, nous, humains, avons décidé que le printemps débutait le 20 mars. Mais comme on peut le voir ces dernières années, le climat n'en fait qu'à sa tête et on peut avoir des températures hivernales qui se prolongent ou au contraire, des températures douces en avance. Quand je parle de saison, je parle de saison climatique et non pas calendaire. Les vers, comme la nature, se basent sur les changements de températures. Le printemps ce sont des températures plutôt fraîches la nuit et douce la journée, avec un temps en général humide. Lorsque ces conditions sont réunies et répétées sur quelques jours, on peut donner les vermifuges. S'ils sont donnés trop tôt, tous les œufs n'auront pas éclos donc tous les vers ne seront pas éliminés. 


Et maintenant, pourquoi diminuer le nombre de vermifuges par an ?

C'est une question de prophylaxie. J'aime bien ce mot, ça fait savant. 

Revenons en arrière. Vous donnez 4 vermifuges par an à votre cheval, soit un toutes les saisons. Sans faire spécialement attention à la molécule active du vermifuge bien sûr. Au mieux vous détruisez les vers à une saison donnée parce que, par chance, vous avez la bonne molécule active. Au pire, le vermifuge aura eu zéro effet car pas la bonne molécule pour les vers présents (qui vont continuer à proliférer).


Dans les deux cas, il faut savoir que la molécule active se retrouve dans le crottin et après dans le sol. Comme vous le savez, les agriculteurs aiment bien utiliser le fumier pour fertiliser les sols sur lesquels poussent nos aliments et ceux des animaux (en particulier les fourrages). Les vers peuvent se trouver en présence de ces molécules actives fortement diluées. Comme elles sont présentes en faibles quantité, elles ne détruisent pas les vers. Ces derniers se retrouvent affaiblis et les plus forts survivent. C'est ce qu'on appelle la sélection naturelle (dédicace à toi Darwin).


En utilisant de manière excessive des vermifuges, on sélectionne les vers les plus résistants. On sera alors obligé de trouver une autre molécule, bien souvent plus nocive. Sauf que nos pauvres chevaux n'ont pas demandé à ingérer des substances pareilles... Certains font d'ores et déjà des réactions très violentes suite à l'administration des vermifuges.


En diminuant le nombre de vermifuges, vous aiderez à la lutte contre ces parasites sans nuire à la santé de votre cheval.


A vos copros !


Camille Caubert, ingénieur agronome et cavalière pro



Sources externes :

Guy Vallarino, "Parasites : identifiez-les pour bien les combattre", dans Cheval Magazine, N°412, Mars 2006, pages 82 à 85.

https://equipedia.ifce.fr/sante-et-bien-etre-animal/soin-prevention-et-medication/prevention/protocole-de-vermifugation-pour-les-equides-de-plus-d-un-an.html

https://equipedia.ifce.fr/sante-et-bien-etre-animal/soin-prevention-et-medication/prevention/la-coproscopie.html